Le dépassement de soi – Témoignage de Laurent Reviron

On inverse les rôles, cette fois-ci c’est à nous de poser des questions à Laurent Reviron, rédacteur en chef de VTT Mag ! En 2022, Laurent s’est lancé le défi de prendre le départ de la MB Ultra Somfy. Stoppé à la barrière horaire du 100 km, il est revenu en 2023 mais l’expérience n’a pas été la même… Il revient sur ses deux participations et nous parle gestion de l’effort mais aussi dépassement de soi…

Peux tu te présenter et nous parler de ta pratique du VTT ?

Je m’appelle Laurent Reviron, je suis rédacteur en chef de VTT Mag, donc forcément je pratique pas mal le VTT au quotidien dans le cadre de mon travail : je teste des vélos, des destinations, des produits.. j’ai la chance de pouvoir rouler assez régulièrement.

Mais à la base, je viens du motocross, sport que j’ai beaucoup pratiqué étant jeune. Et à l’époque, je suis allé faire une visite médicale pour renouveler ma licence et le médecin m’a dit que je n’avais pas une grosse forme physique… C’est vrai qu’à l’époque je fumais, je ne faisais pas gaffe à ce que je mangeais… Globalement je n’avais pas une bonne hygiène de vie et ça s’est ressenti sur le test d’effort lors de cette visite. Le médecin m’a donc recommandé de me mettre un peu au sport et c’est donc comme ça que j’en suis venu au VTT ! J’ai rapidement accroché et ça ma remis au sport de manière générale.

Qu’est ce qui t’a poussé à participer à la MB Race ?  

Alors l’Ultra, c’est quelque chose qui m’a toujours émerveillé… Mais émerveillé plus qu’attiré parce que j’avais vraiment la sensation que je n’étais pas du tout fait pour ça… D’ailleurs, je ne suis sans doute pas fait pour ça car je n’ai toujours pas réussi à franchir la ligne d’arrivée des 140 km (rires)

Donc la première démarche a été de me dire « va voir ce que c’est, même si a priori ça ne devrait pas te convenir ». Parce que vu mon passé, venant du motocross, pratiquant plus de la descente, de l’enduro, tout ce qui était pédalage, c’est pas forcément mon truc. C’est un peu paradoxal de rêver devant ces disciplines et de se dire qu’on en est pas capable d’ailleurs ! Mais voilà, je me suis dit pourquoi pas, et c’était parti…

Parles nous de tes deux participations en 2022 et 2023

Alors pour la première, j’avais de beau projet de préparation… Tout l’hiver je voulais faire un max de ski de rando et de ski de fond, puis du home trainer… J’avais établi un plan de bataille, mais avec le travail et le manque de motivation, je n’ai rien fait de tout ça. Je voulais faire gaffe à ce que je mange, à ma consommation d’alcool, mais encore une fois ça n’a pas abouti…

Mais au départ j’étais hyper motivé, sans me prendre trop la tête ! Alors je suis parti très très doucement parce que j’avais envie d’aller le plus loin possible. J’allais tellement doucement que je me suis fait doubler par un grand nombre de personnes et j’ai commencé a me dire que je n’étais pas à ma place. Mais cette sensation est vite passée car j’ai continué à m’écouter, à garder ce rythme et du coup, je me suis fait plaisir vraiment tout le long…

Il faisait tellement beau alors dès que j’avais un coup de moins bien, je levais la tête, je regardais le paysage et je me disais que je n’avais vraiment pas envie d’être ailleurs. J’avais vraiment pas envisagé que ça allait être du bonheur tout le long. D’ailleurs, quand j’ai approché des 100 km, j’ai commencé a rêver du 140 km mais je me suis fait arrêter à la barrière horaire pour quelques minutes. Un peu de frustration, car des minutes j’en ai laissées sur le parcours puisqu’on faisait un reportage pour VTT Mag et que j’ai pris du temps aux ravitaillements, pour faire des photos, donc je me suis dit qu’il fallait retenter… et j’étais parti pour une deuxième participation en 2023 !

Mais au mois d’octobre après cette première édition je me suis cassé le col du fémur, donc à l’arrêt pendant 6 mois… J’ai quand même réussi à faire un peu de home trainer, j’ai quand même pu travailler ma condition mais j’avais vraiment beaucoup d’appréhension sur une éventuelle chute…

Le kiné ne voulait pas que je prenne le départ si les conditions étaient mauvaises… Et on peut dire que l’année dernière, elles étaient particulièrement très mauvaises… Il a plu toute la nuit avant le départ, j’ai hésité mais j’y suis quand même allé…

Mais alors cette édition a été très très compliquée… Zéro plaisir ni dans les montées, ni dans les descentes. Je suis allé au 70km péniblement. J’ai été très frustré de ma performance… Mais dans le cadre de VTT Mag, j’ai donc cherché à savoir comment les gens vivaient leur MB Race à différent niveau du classement. J’ai donc échangé avec le vainqueur, avec quelqu’un en milieu de classement, avec la 1ère femme mais aussi avec el dernier finisher.

Et le témoignage du dernier finisher m’a fait comprendre que j’aurais jamais été capable d’aller au bout, car il était allé très loin dans le dépassement de soi. Il n’avait pris aucun plaisir sur les dernières heures, son seul objectif était de franchir la ligne d’arrivée coûte que coûte… Rien a voir avec ma première participation ou je cherchais avant tout le plaisir. Je me suis dit que pour boucler cette course, il fallait vraiment aller puiser très loin !

Comment as-tu géré les longues ascensions, et comment tu t’y es préparé ?

Alors dans ma pratique au quotidien, j’ai la chance de vivre en montagne, donc je peux m’entrainer sur des longues ascensions. Pour ma part, je mets de la musique, je me cale sur un rythme où je suis capable de durer très longtemps et je m’occupe pas des autres. Je me met vraiment dans une bulle… J’évite à tout prix de me faire influencer par le rythme des autres.

Pour moi il est très important de s’écouter. Je pense que le corps a encore des ressources pour faire bien plus mais il faut le respecter. Si tu respectes ton rythme, que tu t’alimentes et que tu t’hydrates correctement mais que tu alimentes aussi ta tête avec tous ces beaux paysages, je pense que tu es en phase avec toi même et donc que tu peux aller loin. Il faut essayer de ne pas penser à la finalité…

Mais en même temps, comme tout Ultra, pour aller encore plus loin, je pense qu’il faut être prêt à se faire mal. Car après mon échange avec le dernier finisher, je me suis rendu compte que la gestion n’est plus la même quand on se fixe l’objectif de voir la ligne d’arrivée coûte que coûte, il faut pouvoir dépasser ses limites physiques. On ne parle donc plus de gestion à ce niveau là… Et je pense que si un jour je veux voir la ligne d’arrivée, il faut que je sois capable d’aller au-delà de ma zone de confort et je crois que c’est un peu ça que l’on vient chercher sur ce genre de course. Le dépassement ultime !

Est-ce qu’on te verra sur la ligne d’arrivée du 140 km en 2024 ?

Franchement, c’est un truc auquel je pense très souvent. La MB Race est rentrée dans mon quotidien, dans mon raisonnement… donc oui j’ai vraiment envie de la finir, même si ca ne changera pas ma vie au bout du compte !

J’ai compris que la tête, le fait de se faire plaisir, pouvait nous emmener très loin sur la course, mais je sais aujourd’hui qu’il faut également savoir sortir de sa zone de confort.

Par contre, malheureusement, grâce à mon expérience sur ces deux éditions, je pense que je suis incapable de le faire si les conditions météo ne sont pas bonnes. Je prendrais sans doute le départ mais ça va me casser le moral et je ne suis pas sûr d’aller au bout car la course n’est plus du tout la même. On doit aller encore plus loin dans ses limites, et là c’est sûr qu’il n’y a plus du tout de zone de confort, voire de plaisir ! D’ailleurs, est ce que le finisher de la MB Race ça ne serait pas celui qui l’a finie sous la pluie ? J’ouvre le débat !

On donne maintenant rendez-vous à Laurent le 29 juin prochain ! Et si vous souhaitez vous aussi relever le défi, c’est par ici !

Et si vous manquez de motivation, on vous laisse aller voir ce que ca donne en images sur notre chaîne Youtube !