Portrait de finishers – Philippe Jacquin

On vous présente aujourd’hui Philippe Jacquin. Philippe fait partie de ces participants qui ont connu la MB Race quasiment dès le début… Et en 2024, on le retrouvera à nouveau sur la ligne de départ ! L’amour du VTT, des moments de partage avec son fils, des coups durs sur certaines éditions… Il vous partage son expérience !

Alors on commence par les présentations…

Je m’appelle Philippe, j’ai  51 ans, je suis savoyard d’origine et vis actuellement en Auvergne. J’ai eu la chance de vivre ma jeunesse à Albertville en Savoie où j’ai découvert le VTT dans ses balbutiements. Père de 4 enfants, ingénieur (chez un grand manufacturier de pneumatique, un lien avec le VTT!), j’ai conservé de ma jeunesse un besoin profond d’outdoor et d’activité physique. Ma pratique sportive inclut le VTT, le vélo de route, le trail, la course, le ski (rando, descente), la rando (éventuellement l’alpinisme); elle est l’occasion d’expériences engageantes en nature. Je m’y découvre plus que je n’y cherche la performance ou le résultat.

Quel est ton rapport au VTT ? 

J’ai découvert ce sport à 15 ans. Avec mon frère cadet, nous devions acquérir nos premiers vélos de route. Il a brillamment diverti mon attention vers ces vélos à gros pneus et nous avons débuté. C’était en 1986 ! depuis je n’ai jamais quitté cette pratique (sauf lors de mes études en classe préparatoires). Je le décrirai comme un sport exigeant et complet. Il est physiquement intense mais demande une belle finesse de pilotage pour ne pas subir …. et rester sur la machine. Plus qu’un sport c’est aussi un merveilleux moyen de parcourir la nature et de la vivre pleinement.

Aujourd’hui ma pratique est fréquente, souvent sur des temps courts que mon agenda autorise. Très fréquemment en semaine après un thé et quelques pages de lecture, je saute sur le VTT à 5h30 le matin et je pars pour 1h30 de sentiers auvergnats avant d’engager ma journée professionnelle. Cette sortie matinale est sportive mais aussi méditative, seul, souvent de nuit, parfois dans le froid et la neige… Le week-end je peux étendre un peu la sortie, rouler de jour et être parfois accompagné.

Dans les deux cas le VTT est une chance, un grand privilège que je souhaite à beaucoup d’autres…

Comment et quand as-tu découvert la MB Race ? Et qu’est ce qui t’a donné envie d’y participer ? 

Je travaillais alors aux Etats Unis et même si je conservais une pratique régulière du VTT , je n’avais pas d’informations sur les courses françaises. L’un de mes frères avec qui nous avions couru le raid Krisalp m’avait fait part de cette course de fou avec son seul finisher sur la première édition… La description était alléchante. Je m’étais alors fixé l’objectif d’y participer dès mon retour en France. Mon retour était prévu à mi-juin 2012, deux semaines avant la MB Race… mes vélos naviguaient encore dans un container vers la France mais un vieux 26″ était resté dans mon garage en France; en lui montant deux pneus neufs, il ferait l’affaire… Et voilà la première ! Pour voir comme on dit !

Et alors cette première participation ?

La première a été un peu rock & roll ! Je venais d’atterrir et je n’avais qu’un vieux vélo 26″ alors que j’avais goûté au 29 » depuis 2009. Je n’étais plus très à l’aise sur cette machine et, comme « les difficultés volent en escadrille », la météo était médiocre et je n’avais pas eu le temps de prendre la moindre information sur le parcours. La montée du Jaillet s’est très bien passée mais ensuite le matin a été long et difficile entre chutes, froid et doutes…

Les rayons de soleil de l’après-midi et l’excellente qualité des ravitaillements m’ont remis d’aplomb ! Je me souviens ensuite d’un très beau moment : le soleil magique d’après orage me réchauffait. Du chemin sous la crête de Torraz, je contemplais une vue magnifique sur le Mont-Blanc partiellement drapé de voiles de nuages et depuis la terrasse d’un joli chalet, les habitant m’encourageaient avec un chaleureux accent local. Il suffit de ces quelques minutes magiques pour ne plus penser aux difficultés rencontrées lors de ces 11 premières heures de MB Race…

Et du coup tu es revenu années après années… Qu’est-ce qui t’a plu à la MB Race ? 

Après 2012, je ne suis pas revenu en 2013 parce que… je me disais que c’était une course folle! Et je me souviens avoir commenté au micro de ma première arrivée que je laissais cette superbe épreuve à de plus jeunes sportifs que moi… Le premier weekend de juillet 2013 alors que la course se déroulait, j’en ai entendu parler, suffisamment pour regretter de ne pas m’y être inscrit et me promettre de reprendre l’aventure en 2014.

Et j’étais, en 2014, sur la ligne. Puis jamais deux sans trois, puis on en fait un RDV annuel. Mais cela n’est jamais devenu une routine car la course est nouvelle chaque année : la météo change (entre la canicule de et le temps humide automnal), le parcours change, le contexte (forme physique, matériel…). C’est finalement un challenge nouveau chaque année; un challenge qui se caractérise à chaque fois par l’incertitude de franchir la ligne!

Quel est ton meilleur souvenir ?

Difficile de faire un palmarès tant les bons souvenirs sont nombreux. Je citerais le tout dernier souvenir : après avoir franchi la ligne en 2023, mon fils de 18 ans m’a accueilli tout sourire dans le pad. Il avait terminé son premier 140 brillamment. Nous avions roulé la première montée ensemble puis j’ai pu l’admirer me lâcher dans la première descente … et partager ces retrouvailles mémorables ensuite dans le pad d’arrivée.

J’ai beaucoup de bons souvenirs d’échanges avec les bénévoles qui nous aident. Bravo et merci à eux d’ailleurs. Par exemple en 2017, par un temps exécrable, fatigué, le corps froid, je me souviens d’avoir ri avec des jeunes au dernier ravitaillement. Leur sourire, leur chaleur … m’ont porté vers l’arrivée. Et, chaque année, j’aime les départs , plus que les franchissements de ligne d’arrivée. C’est le moment où je réalise la chance que j’ai de pouvoir engager une telle aventure. C’est un moment de grande gratitude, quasi mystique.

Et il y a forcément des souvenirs plus difficiles ?

Il y a de nombreux souvenirs de moments difficiles mais ils sont eux aussi devenus de bons souvenirs… Grâce à cette chimie positive de la mémoire je suis revenu 10 fois sans envisager ni craindre les moments plus durs.

Mais s’il faut citer des moments très difficiles… En 2017, temps exécrable, les mains anesthésiées dans la dernière descente… je ne maitrise plus bien le vélo et il me vient même l’idée créative d’un abandon dans la dernière descente avant l’arrivée… Et en 2018, je crois : deux rayons cassés sur une roue arrière quand je passe sur le 100 km. Je décide de poursuivre. Il faut faire les descentes entre 100 et 140  sur le frein avant pour ne pas détruire la roue. Une fin de MB race tendue on va dire…

Et quel est ton objectif en 2024 ?

M’inscrire et une fois inscrit bien entendu finir le 140 pour une onzième aventure.

Quels conseils peux tu donner à quelqu’un qui se lance pour la première fois ? 

Lorsque tu y penses tu as déjà choisis de la faire, l’inscription n’est qu’une formalité.
Lorsque tu te demandes pourquoi tu es là dans la course, rappelles toi que l’as choisi.
Lorsque le prochain coup de pédale  devient impossible dit toi qu’il y a toujours un autre choix que de poser le pied à terre au 100km.
Lorsque tu passes la ligne félicite toi d’avoir fait les bons choix…

La MB Race, c’est avant tout de belles histoires, et celle-ci en fait partie… Alors si vous aussi vous souhaitez vivre votre MB Race et écrire votre histoire, c’est le moment de s’inscrire !