Nous avons rencontré pour la première fois Ada en 2013, lors de sa première participation à la MB Race. La coureuse espagnole est une véritable pionnière quand il s’agit de la MB Race, puisque c’est la première femme à avoir réussi à boucler les 140 km tant convoités de la course de VTT la plus difficile au monde ! Sa bonne humeur, son sourire et sa détermination sans faille nous a dès le départ impressionné. L’année dernière, elle est également devenue la première femme à avoir franchi la ligne d’arrivée de la MB Ultime 230 km… Et clairement ça forge le respect ! Découvrez son portrait, ses conseils et comment elle a vécu ses MB Race…
Peux-tu te présenter en quelques lignes ?
Je m’appelle Ada Xinxó, j’ai 42 ans, presque 43 et aujourd’hui je suis passionnée par le vélo et le VTT en particulier. Mais ça n’a pas toujours été le cas car enfant, je détestais faire du sport, j’étais très maladroite… (rires)
Un jour avec Santi, mon partenaire, nous avons ressenti le besoin de faire du sport. Santi avait fait du vélo jusqu’à l’âge de 15 ans, alors après être partis courir et avoir vu que ça ne me convenait pas, il lui est venu à l’idée de louer des vélos pour essayer et ça m’a tout de suite plu. A noël de cette même année, en 2000, j’ai eu mon premier vélo, un Marin Pine Mountain, emballé dans du papier Disney, et ça je ne l’oublierai jamais ! (rires)
Nous avons alors commencé à pratiquer de temps en temps. Au début, c’était une fois par mois, puis deux fois par mois, et ainsi de suite, de plus en plus régulièrement et sans savoir comment nous sommes devenus complètement accros ! C’est ensuite en 2008 que nous avons commencé à participer à des courses plus difficiles et plus longues. Nous avons rencontré des personnes qui nous ont parlé de courses lointaines, de lieux spectaculaires qui ont attiré tout de suite notre attention… Et sans savoir comment, nous nous sommes retrouvés à nous entraîner pour participer à l’Iron Bike ! On peut dire qu’on a commencé à construire notre maison par le toit car ce fut notre première course par étapes en 2011. Pas la plus facile, oui… mais c’était parti, la folie était déchaînée ! (rires)
Depuis, nous n’avons jamais arrêté, à tel point que j’ai décidé, il y a quelques années, que je voulais aussi travailler dans le monde du vélo. J’ai d’abord travaillé dans un magasin et maintenant, entre autres choses, je suis guide pour des voyages à vélo. J’aime le vélo car il me permet de rencontrer des gens, des lieux, de m’amuser, de faire des efforts, de m’évader… et tout ça, toujours en plein air !
Parle nous de ta première participation à la MB Race 2013 ?
Ma première MB Race… Alors, j’y suis allée avec Santi et une amie, Dani, car nous voulions aller voir le Mont Blanc, et c’était l’excuse parfaite ! Mais les chiffres sur le papier étaient effrayants et ça s’est révélé être encore plus dur dans la réalité… Je voulais clairement finir le 140km mais j’avais vu que, l’année précédente, seules 25 personnes avaient terminé… Quelle frayeur !
J’ai divisé le parcours en 6 grandes montées avec leurs descentes. Elles étaient très dures mais je les ai rayées une par une. A Combloux, il y avait un ravitaillement à mi-chemin, nous étions déjà au-dessus de 6h30 de course et 3400m+, mais j’ai continué vers les 140km, en espérant passer les barrières horaires.
Avant le km 90, mon porte-bidon s’est cassé et j’ai dû porter beaucoup d’eau dans mon Camelbak. Entre ça et les efforts à pousser le vélo, mon dos a commencé à me faire mal et la dernière montée était vraiment dure, je me souviens même d’en avoir pleurer… Mais j’ai gardé la tête froide et j’ai continué. Puis j’étais aussi avec Santi, bien que nous soyons partis chacun de notre côté, ça m’a beaucoup aidé. Au dernier ravitaillement, beaucoup de filles m’ont encouragée, quelle énergie elles m’ont donné ! C’est indescriptible !
Et à la fin, je suis allée au bout ! Après 14h21 et plus de 7000m+ je suis devenue la première femme à terminer les 140kms de la 4ème édition de la course… C’était vraiment excitant, c’était fou, tous les gens sur la place applaudissant… Quel souvenir !
Quels conseils pourrais-tu donner à une femme qui hésite à franchir le cap de l’ultra distance en VTT ?
C’était un énorme défi pour moi et le relever a été très gratifiant et excitant. Le fait de terminer et de pouvoir encourager d’autres femmes à essayer est une énorme satisfaction ! L’important est d’essayer car le simple fait de se fixer un défi d’ultra-distance est déjà une victoire. La route jusqu’au jour de l’objectif est pleine d’efforts et de sueur, évidemment, mais elle vous rend aussi plus heureux, plus constant et elle vous permet de croire en vous. Prendre le départ d’une course comme la MB RACE et sentir ce frisson est déjà très excitant. Mais pendant la course le plus important est d’apprécier ce que l’on fait. Si tout se passe bien, c’est parfait, et si non, il faut quand même apprécier ce voyage.
Donc au final, à vous tous, je dirais qu’il suffit de s’y mettre et vous trouverez votre chemin pour ressentir vous aussi votre frisson, vos émotions !
Puisque 140km ce n’était plus assez, tu as relevé le défi MB Ultime en 2021 puis en 2022. Peux-tu nous parler de l’édition 2021 ?
Le COVID a été très dur et nous a rendu tous fous car nous avons passé tellement de temps enfermés à la maison. A ce moment-là, Santi et moi, nous avons entendu parler de la MB Ultime et comme à notre habitude, nous nous sommes inscrits sans hésiter… Le problème a été plus tard quand nous avons reconsidéré le projet et que nous avons réalisé ce pour quoi nous avions signé (rires).
Et pour parler de l’édition 2021, nous avons malheureusement abandonné. C’était une édition très dure, la course est déjà dure en soi, et si on ajoute les conditions du terrain dues à toute la pluie des jours précédents… c’était difficile d’avancer, tout le temps à lutter contre la boue, à nettoyer les vélos à chaque poste de ravitaillements, à glisser quand on essayait de marcher… Et j’ai commencé à avoir des problèmes respiratoires. Donc après 24 heures de vrai VTT, 150km avec 7350m+, nous nous sommes arrêtés dans une boulangerie, nous avons commandé 2 cappuccinos et quelques morceaux de gâteau et nous avons appelé l’organisation pour leur faire part de notre abandon. Pour moi, cela n’avait pas de sens de continuer à faire du vélo si je n’y prenais pas de plaisir, alors nous avons pris un bon petit-déjeuner et sommes retournés à Megève. Nous avions essayé. C’était le plus important !
Et enfin la consécration en 2022 sur la MB Ultime, comment as-tu vécu cette expérience ?
Que c’était difficile mais qu’est-ce que nous nous sommes amusés ! Lors de la première montée, j’ai levé la tête et j’ai vu le spectaculaire Mont Blanc au-dessus du brouillard, c’était magnifique !
Nous avons roulé un moment avec Xevi et Albert, une autre équipe catalane, jusqu’à ce que nous ne puissions plus les suivre. Santi a eu une crevaison dans la descente vers Beaufort, nous l’avons réparée et ce fut le seul incident de la course. La boucle de retour vers Beaufort était très difficile mais le coucher de soleil depuis Roche Parstire à 2000 m était spectaculaire !
A partir du km 98 nous avons adopté Xevi, Albert était tombé et avait cassé son guidon, donc nous sommes passés d’un couple à un trio, plus amusant (rires). Et cette fois, après 30h53 de course, nous avons réussi à terminer la MB Ultime ! Quel bonheur ! J’ai réussi à nouveau à être la première femme à boucler ce format… J’espère avoir semé une graine pour qu’en 2023 il y ait plus de femmes au départ de la MB Ultime…
Si vous aussi vous souhaitez vivre ce frisson dont Ada parle, il reste encore quelques places, inscrivez-vous !